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Énergies marines : La vague de fond

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Les énergies marines ambitionnent d’apporter bientôt une contribution significative au mix énergétique français. Avec les deux appels d’offres importants lancés par le gouvernement en 2011 et en 2013 pour l’installation de 5 champs d’éoliennes en mer sur la façade maritime nord-ouest du pays, la France espère combler le retard enregistré dans l’exploitation des énergies marines traditionnelles par rapport à la Grande-Bretagne et au Danemark.

La France compte surtout sur son immense domaine maritime pour jouer un rôle de premier plan dans le développement d’un certain nombre d’énergies marines encore embryonnaires, celles qui se proposent d’utiliser la force des vagues et des courants marins pour produire de l’électricité.

Adoptée le 22 juillet dernier par l’Assemblée nationale après un long débat parlementaire et validée trois semaines plus tard par le Conseil constitutionnel, la loi relative à la transition énergétique pour une croissance verte finalement a été publiée au Journal officiel le 18 août 2015.

En fixant notamment comme objectif à notre économie de porter progressivement à 40 % au cours des 15 prochaines années la part des énergies renouvelables dans la production nationale d’électricité, elle devrait favoriser l’émergence d’une véritable filière industrielle nouvelle, celle des énergies marines, pour laquelle la France est particulièrement bien placée.
En effet, au-delà de la construction en cours des éoliennes en mer prévues par les deux appels d’offres lancés par l’État en 2011 et 2013, assure Antoine Decout, responsable des projets maritimes au sein du SER (Syndicat des énergies renouvelables), la France possède une avance incontestable dans toutes les technologies émergentes qui se proposent de transformer l’énergie des vagues et des marées en électricité.

Grâce à sa présence dans les mers tropicales à La Réunion et aux Antilles, elle pourra même disposer d’une technique qui vise à profiter de la forte différence de température entre les eaux de surface et les eaux profondes pour produire de l’électricité.

Longtemps pionnière dans l’utilisation de l’énergie marine grâce la construction sur l’embouchure de la Rance, entre Dinard et Saint-Malo, d’une usine marémotrice au milieu des années 1960, la France ne s’est à nouveau réellement intéressée à la production d’électricité en mer qu’au tout début de la précédente décennie. Comme la plupart des pays occidentaux à l’époque, elle a commencé par étudier les possibilités d’implanter des éoliennes offshore au large de ses côtes.

Ne dispose-t-elle pas, avec près de 11 millions de km² placés sous sa juridiction, de l’un des plus grands domaines maritimes du monde ? Malheureusement, deux premiers appels d’offres concernant un champ d’éoliennes situé en mer du Nord, au large de Dunkerque, puis un autre en Bretagne-Sud, n’auront pas de suite, et il faudra attendre plusieurs années pour que le gouvernement décide de rouvrir le dossier.

C’est ainsi qu’après un exercice minutieux de recensement des zones les plus propices (celles où les vents sont à la fois les plus puissants et les plus réguliers), élaboré en étroite concertation avec les professionnels concernés, un nouvel appel d’offres pour environ 600 éoliennes, représentant un montant total de l’ordre de 10 milliards d’euros, est lancé en 2011.

Il débouchera sur 4 projets – 3 dans la Manche au large de Fécamp, Courseulles-sur-Mer et Saint-Brieuc, et un dans l’océan Atlantique au sud de Saint-Nazaire –, actuellement en cours de réalisation, qui représenteront une puissance totale de l’ordre de 2 000 MW lors de leur mise en service à l’horizon 2020.

Un deuxième appel d’offres lancé en 2013 permettra la mise en fonctionnement deux ou trois ans plus tard, au large du Tréport en Seine-Maritime et de l’île de Noirmoutier en Vendée, de deux nouveaux champs d’éoliennes pour une capacité supplémentaire de 1.000 MW. Avec un troisième appel d’offres qui devrait bientôt être lancé, on estime que la production d’électricité fournie par les éoliennes posées en mer atteindra environ 6.000 MW d’ici à dix ans. Une première étape sur la voie de l’objectif fixé par la loi de transition énergétique : 15.000 MW en 2030. Maîtres d’œuvre: Areva pour le site de Saint-Brieuc et un consortium EDF-Alstom pour les autres sites.

Les éoliennes flottantes à la rescousse

Mais aujourd’hui, les ingénieurs français, comme ceux de nombreux autres pays, travaillent activement à la mise au point de technologies nouvelles de production d’électricité sur le domaine maritime. La plus avancée d’entre elles est celle dite de l’éolien flottant, qui présente l’avantage, par rapport à l’éolien posé traditionnel, de s’affranchir de lourds travaux d’installation et de maintenance en mer.

“Pour son installation, la turbine peut en effet être assemblée en zone portuaire avant d’être remorquée jusqu’au site prévu où elle pourra être reliée à son système d’ancrage”, assure Paul de la Guérivière, président-fondateur de la société Ideol basée à La Ciotat, qui vient de signer un contrat important au Japon. De la même façon, en cas de panne, l’éolienne pourra être ramenée au port pour y être réparée.

Autre avantage : le dispositif permet l’implantation d’éoliennes sur des zones où la profondeur des fonds marins dépasse 30 mètres, c’est-à-dire la limite actuelle technico-économique de l’éolien offshore posé. S’inspirant de quelques exemples étrangers, au Japon, en Norvège et au Portugal, le gouvernement français vient de lancer un premier appel d’offres qui prévoit l’installation prochaine d’un champ d’éoliennes flottantes en Bretagne au large du Croisic, et de trois autres en Méditerranée.

Outre la société Idéol qui annonce la mise en service prochaine d’un démonstrateur d’une capacité de 2 MW au large de Fos-sur-Mer, plusieurs entreprises françaises seront certainement sur les rangs pour tenter l’aventure. C’est le cas des sociétés ASAH LM, EDF EN ou DCNS qui travaillent actuellement à la mise au point de différents prototypes.

Ainsi, avec une production d’électricité estimée de 6 000 MW à l’horizon 2030, l’éolien flottant pourra compléter à terme le dispositif aujourd’hui en cours de développement sur l’éolien posé. Mâts posés et mâts flottants cumulés, les experts estiment que l’éolien offshore pourrait fournir à terme une puissance totale de 30.000 MW.

Sur mer, outre l’énergie du vent plus forte et plus régulière que sur terre, il est également possible d’utiliser l’énergie dite hydrolienne. La technique consiste à installer dans l’eau une machine dont les pales actionnées par la force des courants marins produisent de l’électricité. Sur la base des enseignements fournis par deux démonstrateurs installés depuis 2008 à l’embouchure de l’Odet dans le Finistère, ainsi qu’en Bretagne-Nord dans la zone de l’île de Bréhat au large de Paimpol, un appel à manifestation d’intérêt a été lancé en novembre 2013 pour la construction d’une ferme pilote sur chacun des deux sites français jugés les plus propices: la zone du Raz Blanchard au large de la pointe nord de la presqu’île du Cotentin, et celle du Fromveur entre l’île d’Ouessant et le continent en Bretagne-Nord.

Aujourd’hui, assure Jean-François Daviau, président de Sabella, petite société spécialisée dans l’ingénierie hydrolienne basée à Quimper qui a été retenue pour le site breton, notre mission consiste à étudier pendant plusieurs mois le fonctionnement de nos machines Sabella D10 d’une puissance d’1 MW avant de passer à la fabrication des machines qui équiperont la ferme commerciale définitive.

À noter que depuis le début de l’année 2013, un premier site d’essai dit estuarien a été installé sur le cours de la Garonne en plein cœur de la ville de Bordeaux. Il a pour objectif essentiel de tester l’impact de cette technologie sur l’environnement.

Deux technologies encore à l’essai

Enfin, en matière d’exploitation de “l’énergie bleue”, la France est particulièrement bien placée dans deux technologies qui restent aujourd’hui encore largement expérimentales. La première consiste à utiliser l’énergie des vagues. Elle a, pour l’instant, donné lieu à l’ouverture de deux fermes pilotes houlomotrices sur les sites de Plozévet en Bretagne et de Pierrefonds à l’île de la Réunion.

Quant à la seconde, elle consiste à produire de l’électricité en exploitant les gradients de température entre les eaux profondes et les eaux de surface. Étudiée depuis quelques années déjà sur l’île de la Réunion et en Martinique, elle dispose d’un site expérimental qui a été installé au large de Saint-Pierre dans l’Océan indien et d’une ferme pilote en fonctionnement au large de Bellefontaine dans la mer des Caraïbes.

Voilà toute une panoplie de technologies pour lesquelles le gouvernement a fixé une feuille de route qui devrait favoriser leur développement et contribuer à la réalisation des objectifs de réduction de consommation d’énergie fossile que la France s’est fixée. De la même façon, notre pays pourrait alors exporter son savoir-faire et occuper une place de premier plan dans l’exploitation du formidable gisement d’énergie propre et renouvelable que constitue le domaine maritime mondial.

Toutefois, assure Antoine Decout, le chemin est encore long. Il faut poursuivre la recherche et le développement pour que la France construise la filière qui pourrait créer, selon nos estimations, quelques dizaines de milliers d’emplois au cours des prochaines décennies.

Pour le SER, la filière a en effet besoin d’un fort soutien de la part des pouvoirs publics. C’est à ce titre que plusieurs régions françaises disposant d’un littoral maritime important ont récemment mis en place des comités de pilotage visant à structurer localement la filière des énergies marines renouvelables.

Dernière en date: la région Nord-Pas-de-Calais le 1er juillet 2015. En réunissant au sein de ce comité des représentants des administrations concernées, des collectivités territoriales et du monde économique, elle entend exploiter au mieux les potentiels de croissance et de développement de l’emploi que représente ce secteur des énergies marines renouvelables. Dans les mois qui viennent, une étude va être lancée pour évaluer le gisement potentiel existant sur le littoral de la mer du Nord et de la Manche. Une feuille de route suivra. Elle portera notamment sur le soutien à la recherche, l’offre de formation et la structuration de la filière industrielle.

Une filière qui en promet

Mis en place à la fin de l’année 2013, le Comité national des énergies renouvelables en mer, véritable instance de concertation réunissant l’ensemble des acteurs publics et privés concernés par l’exploitation de l’énergie des océans dans notre pays, entend faire de cette filière l’un des moteurs de la croissance française au cours des prochaines années.

Il y a aujourd’hui un véritable engouement pour ces technologies qui sont entrées dans une dynamique nouvelle”, a assuré Jean-Louis Bal, président du SER (Syndicat des énergies renouvelables), lors des premières Assises nationales des énergies marines renouvelables qui se sont tenues en avril 2014 à Cherbourg dans le cadre du grand salon maritime international Thetis. Pour lui, elle devrait permettre la création de plus de 50 000 emplois sur le territoire français d’ici à l’horizon 2030.

Premier secteur : l’éolien offshore. Riche du deuxième domaine océanique mondial après celui des États-Unis, la France a entrepris de combler le retard accumulé en la matière au cours de la précédente décennie. Avec les chantiers en cours de réalisation et les projets actuellement dans les cartons, elle s’est fixé un nouveau cap (15 000 MW de production d’électricité) qui pourrait lui permettre de rattraper, voire de dépasser, la Grande-Bretagne et le Danemark vers la fin des années 2020.

Quant aux autres technologies productrices d’électricité bleue (par l’exploitation de l’énergie des marées et des courants essentiellement), elles restent encore largement expérimentales. Toutefois, on note une volonté du gouvernement de transformer nos démonstrateurs-tests, tant hydroliens qu’houlomoteurs, en véritables fermes-pilotes. La France passerait ainsi prochainement à une phase de commercialisation qui lui permettra de rivaliser avec la Grande-Bretagne, et plus particulièrement l’Écosse, où de nombreux travaux de recherche sur le sujet ont été lancés récemment.

Tels sont, en tout cas, les objectifs du projet Windustry qui vise à renforcer l’offre industrielle française dans les énergies marines. Il espère que la part des composants d’origine nationale dans l’ensemble des installations présentes sur notre domaine maritime (moins de 25 % aujourd’hui) dépassera le pourcentage de 50 % à la fin de la prochaine décennie.

Le Nouvel Économiste


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